Mission difficile pour Youssef Chahed au Forum de Davos : Comment convaincre bailleurs de fonds et investisseurs
Davos – De l’envoyé spécial de Leaders, Taoufik Habaieb. De quels arguments persuasifs le chef du gouvernement, Youssef Chahed, arrivé mardi matin à Davos, en Suisse, pour participer au Forum économique mondial, dans sa 48ème session (22 – 25 janvier 2019), peut-il user efficacement. Accompagné du ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, Zied Ladhari et de ses conseillers Lotfi Ben Sassi (Economie) et Tarek Ben Sassi (Diplomatie), ainsi que de l’ambassadeur de Tunisie à Berne, Mourad Bourehla, il aura à enchainer deux jours durant, entretiens bilatéraux et interventions en panels de discussion. Merkel, Kagamé, commissaires européens, ministres et financiers sont sur son agenda.
En marathon
Parmi les 60 chefs d’Etat et de gouvernement, les dirigeants des institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale, BAD…) et de grandes organisations internationales et les 3200 chefs d’entreprises et autres participants, les opportunités sont en effet multiples et variées. Selon des sources proches de la délégation tunisienne, le chef du gouvernement s’entretiendra notamment avec la Chancelière allemande, Angela Merkel, le président du Rewanda, Paul Kagamé, président en exercice de l’Union africaine, le Prince de Monaco, Albert II, le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, le président de la BAD, Dr Adesina, le haut commissaire européen à l’élargissement et à la politique de voisinage, Johannes Hahn et la commissaire européenne au Commerce Cécilia Malmström , ainsi que de hauts dirigeants d’institutions financières. Mais, aussi des chefs de grandes entreprises internationales.
« L’entretien de Youssef Chahed avec le chef de la diplomatie algérienne, Abdelkader Messahel intervient à la veille de la tenue, courant ce trimestre, de la grande commission mixte, au niveau des chefs de gouvernement » confie à Leaders une source proche de la délégation officielle à Davos. Il s’inscrit également dans le cadre des concertations suivies sur les questions de voisinage, et en prévision du sommet arabe qu’accueillera Tunis, fin mars prochain », poursuit la même source.
Depuis 2017, le contexte a changé
C’est la deuxième fois que Youssef Chahed se rend au Forum de Davos, depuis son accession à la Kasbah en août 2016. Sa première participation remonte à il y a deux ans, en janvier 2017. Depuis lors, le contexte tunisien a beaucoup changé. Si des avancées ont été accomplies en faveur de l’assainissement du climat des affaires, les incitations à l’investissement et la lutte contre le blanchiment d’argent, les finances publiques accélèrent leur descente aux enfers, avec une aggravation de l’inflation, du déficit commercial, de la flambée des prix et du dérapage du dinar. bien plus, le front social est des plus enflammés, avec la grève générale dans la fonction publique, le 17 janvier courant, le préavis de sa reconduction les 21 et 22 février prochain et le bras de fer entre les syndicats de l’enseignement et le ministre de l’Education.
Sur le plan politique, les tiraillements et surenchères inhérents aux élections législatives et présidentielles de l’automne prochain pèsent de tout leur poids sur la situation dans le pays, n’offrant guère de perspectives claires.
Savoir espoir garder
Dans cette conjoncture très compliquée, comment Youssef Chahed parviendra-t-il à convaincre les bailleurs de fonds de la Tunisie et le marché financier international à lui consentir les financements requis ? Et les investisseurs étrangers à favoriser le site tunisien dans leurs implantations nouvelles, prises de participation et acquisitions.
Et pourtant, il faut s’y exercer et y persévérer, croit fermement Youssef Chahed. Même s’il est conscient des limites du plaidoyer tunisien, il ne perd pas espoir de convaincre ses interlocuteurs. Une démocratie effective, fondée non seulement sur les libertés, mais aussi et surtout la dignité, la relance économique et le progrès, unique dans le monde arabe, mérite, plus que de soutien, d'investissement solidaire, comme l'a souligné Chahed à Davos.
Taoufik Habaieb
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