Tunisie :139 MD, nos si chères élections législatives et présidentielles 2019
En glissant allègrement votre bulletin de vote, un dimanche de l’automne prochain (2019), pour choisir vos députés et votre président de la République, vous n’aurez en apparence rien à payer de votre poche. Mais, pour le contribuable que vous êtes, vous auriez consenti, sans vous en apercevoir, pas moins de 19D188 pour les législatives et 10D815 pour la présidentielle, soit 30 DT. Est-ce cher payer pour vous permettre d’exercer librement votre droit tant revendiqué ? En 2014, vous n’avez payé que, respectivement, 11D720 et 6D606, soit 18D 326. Au total, le coût des élections législatives et la présidentielle de 2014 était de 85 millions de dinars. Le budget présenté par l’Isie pour l’opération 2019 passera à 139 millions de dinars, hors frais de fonctionnement permanent de l’Instance. Le rebond pour 2019, si adopté, sera de 54%. Comment l’expliquer ?
Combien coûte l’organisation de l’opération électorale et quels sont les différents postes de dépenses ? A combien revient une voix exprimée et un siège élu ? Quel est le budget total de l’Isie ? Qu’en est-il des dépenses électorales et des subventions publiques ? Sans omettre de jeter un regard comparatif sur d’autres démocraties.
C’est ce dossier que Leaders tente d’explorer. En première lecture seulement, tant ses comptes sont enchevêtrés et incomplets. La collecte des données n’a pas été facile. Il faut rendre hommage cependant au concours actif de l’Isie (Anouar Ben Hassen).Tout l’aspect financement public des campagnes électorales, financements privés, plafonnement des dépenses et infractions sera traité ultérieurement dans un prochain numéro.
Les précisions obtenues auprès de la Cour des comptes (Fadhila Gargouri) et du ministère des Finances (Ridha Chalghoum, Khalil Chtourou et Zouhair Attalah) ont été précieuses. L’analyse de l’activité de l’Assemblée des représentants du peuple fera l’objet, elle aussi, d’une enquête documentée dans une prochaine livraison de Leaders. Mention spéciale au président Mohamed Ennaceur qui, à la tête de l’ARP, a autorisé ses services (Adel Hanchi) à nous communiquer les données requises. Dossier.
Dans la foulée du 14 janvier 2011, l’organisation immédiate d’élections pour une assemblée constituante devant élaborer la nouvelle constitution était une grande gageure. Jusque-là confiés aux services du ministère de l’Intérieur et dominés par le parti unique au pouvoir, les scrutins se déroulaient dans une opacité totale, leurs coûts exacts aussi. Ni administration électorale indépendante, ni registre d’électeurs fiable et à jour, ni indépendance et transparence, ni règles de financement public des listes candidates… Il fallait tout inventer en quelques mois seulement et être prêt le 23 octobre 2011 pour porter 217 constituants au Bardo. Pari tenu. Quitte, pour le registre électoral, à tenir compte alors des inscriptions d’office et de celles volontaires, en essayant de recouper par la suite avant le suffrage. L’Isie a été créée de toutes pièces, Kamel Jendoubi et ses co-équipiers ont posé les premiers jalons d’un processus qui s’emploiera à se perfectionner au fil des votes successifs en 2014 et 2018 (les municipales).
La première analyse nécessaire à faire est celle des électeurs inscrits, des voix exprimées lors de chaque scrutin, et du budget alloué. Pour la présidentielle, concernant les deux tours, il s’agit d’additionner les votants de chacun de ces tours. C’est ainsi qu’on passe de 4.3 millions d’électeurs dans l’euphorie de 2011 à 3.5 millions de votants pour les législatives de 2014 et 6.5 millions au total des deux tours de la présidentielle de la même année (3.3 millions + 3.1 millions).
Electeurs inscrits et électeurs votants
| ANC 2011 | Législatives 2014 | Présidentielle 2014 |
Electeurs inscrits | 8 289 924 | 5 236 244 | 5 307 842 |
Dont inscrits volontaires | 4 098 888 |
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Dont inscrits automatiques | 3 407 936 |
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Votants | 4 308 888 | 3 579 257 | 6 529 338 |
Dont votants au 1er tour | 3 339 666 | ||
Dont votants au 2ème tour | 3 189 672 |
Source : ISIE
Pour l’élection de l’ANC en 2011, s’agissant du premier scrutin après le 14 janvier 2011, le registre électoral a compté des inscrits volontaires et des inscrits automatiques
Pour l’élection présidentielle de 2014, il s’agit de prendre en compte les votants au 1er et ceux du 2ème tour
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