Présidence de la République et DCAF: Comment protéger les jeunes contre la délinquance et la criminalité
Les 4 et 5 juillet se tiendra à Tunis une conférence internationale sur le thème «Protection des jeunes contre la délinquance et la criminalité». Cette manifestation est organisée par la présidence de la République en collaboration avec le Centre de Genève pour le contrôle démocratique des forces armées – DCAF. Elle vise d’une part à établir un état des lieux des mécanismes actuels de prévention de la criminalité chez les jeunes en Tunisie et, de l’autre, à promouvoir les bonnes pratiques internationales dans ce domaine. Il s’agit là de la sixième session d’une une série de conférences touchant des secteurs divers à savoir le secteur du renseignement, le droit à l’information, le secteur de la cybernétique avec ses différents aspects, ainsi que la protection de l’enfant dans l’espace cybernétique.
Les facteurs accroissant le risque pour un jeune de sombrer dans la délinquance sont multiples. On comptera parmi les plus importants: le chômage, le sentiment de marginalisation, les contextes familiaux difficiles ou encore la violence domestique et dans l’espace public. Dans tous les pays représentés, les études réalisées montrent bien que l’exposition à la violence au sein de la famille augmente le risque de développement de comportement violent chez le jeune.
De ce fait, l’adoption en Tunisie en 2017 de la loi intégrale sur la lutte contre la violence faite aux femmes constitue un pilier de prévention crucial. Rappelons également dans ce contexte l’existence en Tunisie du devoir de signalement. L’article 31 du Code de Protection de l’Enfant dispose en effet que: « Toute personne, y compris celle qui est tenue au secret professionnel, est soumise au devoir de signaler au délégué à la protection de l’enfance tout ce qui est de nature à constituer une menace à la santé de l’enfant, ou à son intégrité physique ou morale (…) ».
En outre, tous les pays représentés ont fait état, avec certes des prépondérances différentes, de problèmes similaires : la défiance et parfois même la violence entre jeunes et forces de l’ordre, les comportements violents liés au sport, les addictions ou encore les incivilités et petits délits augmentant le sentiment d’insécurité au sein de la population.
Les riches interventions des experts tunisiens et étrangers ont également été source de recommandations
Etant donné la multiplicité des facteurs de risque, l’élaboration de politiques de prévention de la criminalité nécessite dans un premier temps d’avoir une fine compréhension du phénomène, basée sur des analyses quantitatives et qualitatives de tous les secteurs concernés. La collecte et l’analyse de statistiques de criminalité précises sont, par exemple, tout aussi importantes que les lectures sociologiques et psychosociales des parcours de délinquants.
Les expériences internationales sont unanimes sur la nécessité de développer des politiques holistiques de prévention de la criminalité. En effet, une réponse purement sécuritaire et judiciaire ne sait à elle seule endiguer efficacement et durablement un phénomène aussi complexe. Il appartient donc aux autorités publiques à tous les niveaux de réfléchir, en collaboration avec les acteurs pertinents de la société civile, mais aussi du secteur privé, à des mesures sociales, économiques, sanitaires, et éducatives permettant de renforcer la résilience des individus. Etant donné la multiplicité des intervenants à mobiliser dans ce domaine, des mécanismes de compréhension interdisciplinaire et de coordination sont nécessaires.
En outre, il est aujourd’hui internationalement admis que les autorités locales, aux niveaux communal ou régional, ont un rôle important à jouer en matière de prévention : elles sont proches des citoyens, et entretiennent des relations privilégiées avec les organisations de la société civile et les acteurs du secteur privé opérant sur leur territoire et dont l’action est primordiale. Elles sont donc en mesure de contribuer à l’analyse des besoins locaux en matière de sécurité et peuvent être force de solutions. Ainsi, dans certains pays, des mécanismes intercommunaux d’accompagnement social, médical et juridique des jeunes ont été mis en place pour faire face, grâce à une analyse conjointe et au partage des ressources matérielles et humaines, à des phénomènes criminels affectant plusieurs communes d’une même zone géographique.
À la lumière des expériences internationales, il apparaît également que la famille et les établissements scolaires, en tant qu’acteurs d’accompagnement quotidien des jeunes, jouent un rôle crucial dans la promotion d’une éducation à la non-violence et dans la détection des vulnérabilités.
Somme toute, la prévention de la criminalité chez les jeunes apparait dès lors comme une responsabilité collective où tous les acteurs (Etat, collectivités locales, secteur privé, ONGs, citoyens et citoyennes, etc.) ont une importante contribution à fournir. L’analyse précise du phénomène, la planification stratégique de la réponse et la coordination des intervenants sont des défis de taille auxquels les différents acteurs tunisiens tentent d’ores et déjà de répondre.
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