Hakim El Karoui : Sur la Tunisie, je reste optimiste! (Vidéo)
Auteur d’un rapport intitulé «Nouveau monde arabe, nouvelle ‘’politique arabe’’ pour la France », publié par l’Institut Montaigne à Paris, Hakim El Karoui y consacre un court passage à la Tunisie. Plutôt optimiste, malgré une situation difficile, comme il le déclare à Leaders. Il estime nécessaire « de recréer de la solidarité (avec Nidaa ou sans Nidaa, ce n’est pas ça le sujet), mais de la solidarité avec les gens importants qui ont le même projet que lui pour se débarrasser du clivage ».
Vous avez consacré un petit passage à la Tunisie dans votre rapport, une appréciation teintée d’optimisme, comment voyez-vous la situation?
Je reste optimiste sur la Tunisie, parce que malgré les difficultés il y a une prise de conscience générale sur la gravité de la situation. La lutte contre la corruption nous semble être un facteur primordial d’espérance. Elle redonne au peuple tunisien la confiance et le sentiment de sécurité que doit lui assurer le gouvernement. Aujourd’hui, la population ne supporte plus la corruption.
Après la chute de la dictature, le pouvoir s’est dilué entre Carthage, la Kasbah, le Bardo et la partie majoritaire. La majorité a explosé pour des histoires d’héritage du président, il faut retrouver un centre de pouvoir, un centre d’exercice des pouvoirs. L’Etat a été décrédibilisé sous Ben Ali et après la révolution. Donc il faut que l’Etat retrouve son autorité et qu’il en donne les preuves concrètes. C’est bien de lutter contre la corruption mais il faut y aller jusqu’au bout avec tous les moyens juridiques et politiques. C’est un avantage pour la Tunisie d’avoir un jeune chef du gouvernement, mais il faut construire une grande alliance autour de lui
En outre, Il ne faut pas croire qu’on peut gérer un pays sans conflit, aujourd’hui la Tunisie souffre d’un grand tiraillement et un grand dilemme qui la déchire. Cette vision conflictuelle n’est plus la même de 2011 ou 2014.
Aujourd’hui, on parle de la carte électorale du Youssefisme; c’est la fracture entre Bourguiba et Ben Youssef, c’est celle la fracture entre ceux qui regardent vers le nord et ceux qui regardent vers l’est. C’est un conflit identitaire qu’il ne faut pas nier, un vrai débat politique, un vrai projet de société, il faut l’assumer jusqu’à la fin. C’est simple de dire qu’on est tous ensemble, un seul pays formidable et solidaire, mais ne soyons pas dupe. Il y a des personnes qui travaillent pour le bien de la Tunisie (le domaine éducatif etc…). Ils font un travail que l’Etat ne fait pas, ils sont là ou l’Etat est absent, ils rendent un vrai service social avec un vrai projet de société derrière.
Je crois que le rôle du chef du gouvernement c’est d’être capable de recréer de la solidarité (avec Nidaa ou sans Nidaa, ce n’est pas ça le sujet) mais de la solidarité avec les gens importants qui ont le même projet que lui pour se débarrasser du clivage.
Vous en avez eu l’impression en l’écoutant parler au parlement à l’occasion de son discours?
Pour moi, son discours a révélé qu’il y a une urgence budgétaire, il faut donc appliquer la loi de finances bien qu’on soit dans une situation délicate et de plus en plus critique. S’il doit répondre aux aspirations des gens, il a besoin aussi de construire cette majorité qui est faite pour les projets du quotidien mais aussi une majorité de vision sur l’avenir du pays.
Finalement, on a tous des amis et des ennemis, et si vous ne voulez pas d’ennemis, ne faites pas de la politique.
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