Yassine Brahim : Le renouvellement du personnel politique doit être accentué dans la deuxième partie du quinquennat de BCE
Quelles sont les principales réalisations que le président Béji Caïd Essebsi doit accomplir d’ici à la fin de son mandat en décembre 2019 ? C’est la question que Leaders a posée dans son numéro d'Août à des acteurs politiques de premier plan :Rached Ghannouchi, Habib Essid, Mustapha Ben Jaafar, Yassine Brahim, Said El Aidi, Ouided Bouchamaoui, Yadh Ben Achour et Fadhel Moussa.
Yassine Brahim*: impliquer une génération de relève compétente, intègre et patriote
Nous sommes vite arrivés à mi-mandat. S’arrêter sur l’évaluation du travail accompli ainsi qu’une redéfinition du cap à tenir pour la période restante du mandat est un exercice nécessaire et judicieux pour le pays. Dans un contexte difficile marqué par une confiance de plus en plus ébranlée à l’égard de toute la classe politique, elle se manifeste par un renoncement inquiétant des Tunisiens à s’impliquer et à s’intéresser à la chose publique, très déçus par le rendement de ceux pour qui ils ont voté aux dernières élections. «Rien ne change», entend-on dans toutes les bouches. Plus grave encore est ce sentiment accru chez les Tunisiens de l’absence de toute éthique en politique et que morale et politique pourront difficilement faire bon ménage. La campagne de lutte contre la corruption entamée il y a deux mois, que nous soutenons depuis le premier jour, arrive au bon moment, et nous espérons qu’elle contribuera à rétablir cette confiance perdue. Dans le même temps, nous vivons des bouleversements géostratégiques régionaux qui vont nous inciter à nous repositionner par rapport aux nouveaux équilibres qui sont en train d’être établis. Le président de la République doit, en effet, tenir compte de tous ces facteurs, il doit être à l’écoute de l’opinion et pourrait agir pour la période à venir selon les deux axes suivants:
1 - En fin diplomate, le président de la République s’est activé durant la première moitié de son mandat à redorer l’image de la Tunisie à l’étranger en multipliant les déplacements et en étant reçu à chaque fois avec le respect et les considérations qu’il se doit. La Tunisie doit mieux profiter de sa situation géostratégique pour jouer le rôle d’un intermédiaire actif entre les différents acteurs de la région et notamment entre l’Afrique, l’Europe et le Moyen-Orient. Et si le président de la République a eu raison en tenant à affirmer la neutralité de la Tunisie dans la dernière crise déclarée au sein des pays du CCG, gardant ainsi une position en total accord avec les traditions de la diplomatie tunisienne, il est par ailleurs appelé à jouer un rôle beaucoup plus actif dans la résolution du conflit libyen. Nous entretenons plusieurs liens avec la Libye et la situation dans ce pays frère est encore très inquiétante, elle constitue toujours une menace sécuritaire pour notre pays et notamment sur nos frontières sud. Le rétablissement de la situation politique en Libye diminuerait ces risques sécuritaires et marquerait le début de l’étape de la reconstruction du pays, étape dans laquelle la Tunisie pourrait jouer un rôle important.
2 - En choisissant Youssef Chahed en tant que chef du deuxième gouvernement de son mandat et en s’entourant de plusieurs conseillers jeunes faisant partie de la nouvelle classe politique apparue après la révolution, le président de la République a fait le pari de la jeunesse et du renouvellement du personnel politique dont a besoin notre pays. Il envoie ainsi un message d’espoir pouvant toucher les jeunes et les aider à se réconcilier avec la politique. Nous ne pouvons que saluer ce choix et nous appelons M. Béji Caïd Essebsi à affirmer cette orientation dans la seconde partie de son mandat. Bâtir la nouvelle Tunisie a en effet besoin de conjuguer l’enthousiasme et l’énergie des jeunes à l’expérience et le recul des plus anciens. En préparant la relève à travers l’implication d’une génération compétente, intègre et patriote, le président de la République enverra ainsi un nouveau message d’espoir aux progressistes, comme celui qu’il leur avait adressé en gagnant les élections de 2014 contre les islamistes.
(*) Président du parti Afek Tounès
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Je rejoint Monsieur le Ministre Yassine Brahim pour le contenu de cet article. Toutefois je souhaite porter à sa connaissance que les défis peuvent être réalisés avec les compétences et non pas avec les appartenances, des compétences qu'il faut faire beaucoup d'efforts pour les détecter car ils sont généralement retirés et sont plus capables de faire que de parler. Faut -il alors compter sur ceux qui parlent beaucoup et qui ont parlé pour longtemps ou bien sur ceux qui font beaucoup et qui non jamais eu la chance de pouvoir manifester leurs compétences.