News - 07.06.2017
Malversations : Trois ministres en conférence de presse ... pour rien
Etait-elle nécessaire? Certainement! A-t-elle été utile? Certainement pas! La conférence de presse tenue mercredi matin à la Kasbah par trois membres du gouvernement, au sujet de la malversation s’est avérée un grand bide. Convoquée initialement à 10 heures du matin puis reportée à midi, elle annonçait des têtes d’affiche attirantes. Au programme, des communications des ministres de la Justice, Ghazi Jeribi et de l’Intérieur, Hédi Mejdoub, ainsi que du secrétaire d’Etat des Domaines de l’Etat, avec comme modérateur le ministre chargé des Relations avec l’ARP, et porte-parole du gouvernement, Iyad Dahmani. Du pain béni pour les journalistes venus nombreux mais qui ont dû cependant déchanter rapidement.
Le changement d’horaires a fait des siennes. C’est ainsi que le ministre Jeribi, tenu par un engagement préalablement fixé au siège de son Département, n’a pas pu prendre part à la conférence de presse, même s’il avait assisté auparavant à une réunion ministérielle restreinte avec le chef du gouvernement.
Quant au ministre Mejdoub, il était contraint après avoir assisté à la même réunion, de rejoindre au plus vite son ministère, (« suivi de la situation sécuritaire oblige », dixit Dahmani). Il ne manquera pas cependant de livrer à la presse la liste des 10 personnes assignées à résidence en précisant pour chacun la date de la décision prise à son encontre. En moins de trois minutes, c’était bouclé.
Viendra le tour du secrétaire d’Etat Kourchid. Rien à en tirer. Il rappellera que la loi est respectée et que toutes les formalités sont conformes aux procédures appropriées. Il ajoutera que les confiscations sont prononcées non pas par le gouvernement, mais par une commission spéciale indépendante présidée par un magistrat du 3ème degré. Quant à la valeur des biens et avoirs confisquées, il a indiqué qu’aucune estimation n’en est encore effectuée.
Iyad Dahmani savait que les journalistes étaient assoiffés de nouvelles sur un sujet aussi brûlant. Il usera de tout son bagout pour leur servir quelques phrases. «Non, aucune demande de levée d’immunité parlementaire à l’encontre d’un Député n’a été émise par la justice et transmise à l’ARP»! Eventuelle implication d’hommes politiques dans des affaires de malversation: «Je ne dispose à ce sujet d’aucun élément me permettant d’affirmer ou d’infirmer pareille assertion.»
A quoi servaient alors cette conférence de presse et la mobilisation des journalistes (tunisiens et étrangers) pour la couvrir? Pourquoi insiste-t-on à faire venir des ministres régaliens (Justice et Intérieur) et le secrétaire d’Etat aux Domaines de l’Etat, tous en première ligne sur la question, en décidant d’avance qu’ils ne révèleront rien ? Juste pour meubler du vide ?
Regrettable ratage.
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