News - 02.02.2017

Raimondo De Cardona (Ambassadeur d’Italie à Tunis): L’Italie déterminée à accompagner la Tunisie

Les 8 et 9 février 2017, le Président Caïd Essebsi sera reçu en Italie par le Président Mattarella. La rencontre revêt une signification particulièrement importante et peut être considérée comme un évènement historique, puisqu’il s’agit de la première visite d’Etat à Rome effectuée par un chef d’Etat tunisien depuis l’avènement du nouveau processus démocratique. Pour cette raison, l’on entend donner un caractère solennel et une grande signification à cet évènement, au-delà des pratiques habituelles. Aussi, a-t-on élaboré pour le Président Caïd Essebsi un programme très articulé prévoyant des rencontres avec les quatre plus hautes charges institutionnelles italiennes. Outre le président de la République, les présidents du Sénat et de la Chambre des députés ainsi que le président du Conseil des ministres.

On a voulu également donner à cette visite une connotation opérationnelle et concrète, en tenant compte des exigences spécifiques de la Tunisie contemporaine et de la priorité accordée à l’attraction des investissements étrangers, en prévoyant à cet égard une rencontre de travail avec des représentants de choix du monde des affaires en Italie, et en profitant pleinement de l’excellente et forte collaboration entre l’Utica et la Confindustria.

L’accueil chaleureux qui sera réservé au Président Caïd Essebsi à Rome n’est que le témoignage de l’admiration que suscite en nous le parcours démocratique que la Tunisie affronte avec courage et détermination. Nous sommes tous conscients de la complexité d’un tel défi.

La liberté, les droits individuels et la démocratie ont été dans les pays européens le fruit de processus longs et souvent douloureux.

La Tunisie a réussi quant à elle, en l’espace de quelques années, à brûler les étapes et à se présenter à la communauté internationale comme un pays à bien des égards exemplaire.

L’attribution du Prix Nobel au Quartette du Dialogue national est une reconnaissance non seulement de la contribution offerte par les lauréats à la recherche d’un compromis visant à surmonter l’impasse politique de 2013, mais aussi du rôle si important que la société civile tunisienne a su jouer en faisant face aux urgences au cours de ces six dernières années. Il s’agit là, j’en suis convaincu, d’un signal d’appréciation lancé à l’ensemble de la Nation tunisienne: une Nation qui a su affronter avec calme même les moments les plus obscurs des dernières années; l’année 2013, marquée par une profonde crise et la violence, et l’année 2015, lorsque le terrorisme djihadiste a ensanglanté ses destinations touristiques. Le Bardo et Sousse, avec leur lourd bilan de pertes humaines, resteront toujours gravés dans nos mémoires. Nous apprécions dans ces moments si difficiles l’engagement avec lequel les autorités tunisiennes et l’opinion publique elle-même réagirent pour prêter leur assistance, en plus de la condamnation ferme manifestée contre la violence dans toutes ses formes.

Nous apprécions également l’efficacité dont ont fait preuve les forces de sécurité tunisiennes au cours de ces dix-huit derniers mois, en assurant un contrôle efficace du territoire, prévenant ainsi de nouvelles attaques. Et il est encore plus louable que ce résultat ait été atteint dans un contexte régional encore aujourd’hui instable, où la frontière avec le voisin libyen continue de provoquer des moments de tension périodiques avec un impact direct sur la solidité du tissu social local dans les zones à proximité des frontières, mises à rude épreuve par des années de crise économique et de précarité continue.

L’Italie est également aux côtés de la Tunisie pour faire face aux questions sécuritaire et économique. Nous sommes reconnaissants aux amis tunisiens pour l’excellente collaboration en cours dans ces secteurs. Je tiens d’ailleurs à souligner les résultats atteints dans le cadre de la collaboration entre les ministères de l’Intérieur pour la prévention de la traite d’êtres humains. Il s’agit d’un aspect fondamental dans le cadre plus large d’un engagement international voué à restituer à la Méditerranée sa dignité de mer de paix et de contact entre peuples amis.

Les thèmes que je viens d’évoquer seront abordés lors de la visite d’Etat et pourront être débattus par des représentants parlementaires et par des amis de la Tunisie en présence du Président Caïd Essebsi autour d’une table ronde qui se tiendra dans la prestigieuse Salle Koch du Sénat de la République.

Je demeure convaincu que le travail mené par nos diplomaties et par les nombreux amis sur lesquels la Tunisie peut compter pourra présenter à l’opinion publique italienne le visage tunisien authentique, apte à corriger une information approximative, parfois imprécise, que trop souvent les médias internationaux ont, malheureusement, offerte aux opinions publiques occidentales. Je remercie la revue Leaders pour sa contribution à cet effort spécifique de clarté et d’approfondissement, dans le droit fil de notre engagement plus large de sensibilisation des médias. La visite du Chef de l’Etat à Rome est une occasion précieuse non seulement pour relancer nos relations dans tous les domaines, de la sécurité à l’économie, comme j’ai eu l’occasion de le mentionner, à la culture, où nous nous apprêtons à mettre en œuvre une série de soutiens en faveur des jeunes de ce pays, à la coopération, mais c’est aussi le moment où les vérités doivent être rétablies quant à l’extraordinaire évènement historique de la démocratie tunisienne. C’est également le moment où nous pourrons mettre en exergue le fait que l’Italie s’affirme comme étant un partenaire privilégié et déterminé à accompagner la Tunisie dans son processus de croissance et de prospérité, dans la lignée d’une historique tradition d’amitié pour nos deux peuples.