News - 02.01.2017
Terroristes détenus en Tunisie : le dilemme entre leur regroupement ou leur répartition
Quelle règle de conduite observer dans les prisons tunisiennes à l’égard des détenus impliqués dans des affaires de terrorisme qui sont actuellement au nombre de 1647 dont 1464 prévenus ? Les surveillants ont-ils bénéficié d’une formation appropriée ? Existe-t-il un manuel de procédures dûment formalisé ? Et surtout, faut-il les isoler des autres détenus et les rassembler dans des pavillons spéciaux ou les répartir dans les différents pavillons parmi les autres détenus de droit commun ?
Oui, a répondu le ministre de la Justice, Ghazi Jeribi, lors de son audition ce lundi matin 2 janvier par la Commission de la Sécurité et de la Défense de l’ARP. La formation est dispensée tant dans le curriculum général de l’Ecole Nationale des Prisons et de la Rééducation que ses modules de formation continue et ad-hoc. Aussi, un manuel de procédures, très précis, a été approuvé et mis en exécution.
Quant à la question de savoir s'il faut procéder au regroupement des détenus ou à leur répartition, le ministre a indiqué que la Tunisie a essayé les deux options, évaluant leurs aspects positifs et négatifs. Les regrouper tous ensemble pose divers problèmes, a-t-il souligné. Ils appartiennent souvent à des cellules jusque-là très cloisonnées qui ne leur permettaient pas de se connaître. Rassemblés, dans les conditions actuelles des prisons, ils risquent de tisser des liens entre eux, élargir leur réseaux. De quoi les inciter à se liguer contre l’administration pénitentiaire et constituer de vrais risques sécuritaires.
En attendant la construction de nouveaux établissements pénitentiaires spécialisés, la décision a été prise de segmenter ces détenus selon leur niveau hiérarchique et la gravité des actes qui leur sont imputés. C’est ainsi que les chefs connus par des crimes abominables sont placés en isolement total dans des cellules individuelles ou à deux ou trois par cellule. Les autres sont écroués avec les détenus de droit commun dans des chambrées de 100 à 150 places, et ce dans des proportions moyennes de 10 à 15% du total des prisonniers. Une seule exception pour la prison de la Mornaguia où le taux moyen est de 19% par chambrée et celle des femmes à la Manouba qui affiche un taux moyen de 17%.
Cette exception trouve son explication dans le fait que selon la loi anti-terrorisme, seul le Tribunal de Première instance de Tunis est compétent en la matière. Avec les nécessités des interrogatoires et comparutions, et l’impératif de sécuriser les transports, les prisonniers concernés doivent être écroués dans le Grand Tunis.
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