Le gouvernement d'union nationale proposé par Caïd Essebsi: une initiative mort-née après le refus de l'UGTT ?
Un gouvernement d’union nationale, c’est sans doute le point d’orgue de l’intervention du président de la République, jeudi, soir sur la chaîne El Watanya 1. Il commence par brosser un tableau très sombre de la situation économique, appuyé par une série de chiffres alarmants par comparaison avec l’année 2010, à la veille de la révolution. Très rapidement, il disculpe le gouvernement. «Il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour redresser la situation». Ce qui ne l’empêche pas de lui adresser un reproche : «A cause d’un déficit de communication, il n’a pas su sensibiliser les Tunisiens à la gravité de la situation». Parmi les chiffres cités, l’accroissement exponentiel de la masse salariale qui est passée de 6,5 milliards de dinars en 2010 à 16 milliards en 2015. Parallèlement, la production a chuté et la productivité a baissé. Il en vient à aborder la faiblesse de l’Etat. Il n’est pas en mesure de faire appliquer la loi. La Tunisie a franchi des pas de géant sur la voie de la démocratie et du pluralisme, mais les institutions de l’Etat doivent fonctionner : «Il faut absolument imposer l’Etat de droit», martèle-t-il.
Béji Caïd Essebsi décoche quelques fléchettes à Hamma Hammami qui vient de proclamer «l'échec des trois présidents» et rejette implicitement la proposition de Néjib Chabbi d’une conférence de salut public. Mais se déclare séduit par l’idée par proposée par quelques partis et que lui avait soufflée un jour Mansour Moaalla, de gouvernement d’Union nationale auquel participeraient l’UGTT et l’UTICA. «Comme ce fut le cas en 1956 dans le premier gouvernement de l’indépendance présidé par Bourguiba» se souvient-il. Il insiste sur la participation des deux organisations : «Il faut absolument qu'elles fassent partie du gouvernement? Sans eux, on ne pourra pas d'un gouvernement d'union nationale». Elyès Gharbi lui demande: «un gouvernement qui sera dirigé aussi par Habib Essid?». Réponse: «Ce sera lui ou un autre.L'ère des présidents et des chefs de gouvernement à vie est révolue». Le journaliste ne réussira jamais au cours de l'entretien à lui arracher le moindre mot qui pourrait sonner comme un désaveu de Habib Essid. Y aura-t-il des personnalités de l'opposition dans le gouvernement? «Pourquoi pas s'ils veulent contribuer à sortir le pays de la crise».
Quelles seront les priorités d'un tel gouvernement? La lutte contre le terrorisme et la corruption, la démocratie, l'Etat de droit, l'emploi, la solidarité entre les régions, la santé, l'enseignement, la jeunesse. C'est à dire des sujets sur lesquels il y a un large consensus dans le pays.
Au moment où cette interview a été enregistrée, la position de l'UGTT n'était pas connue. La réponse n'a pas tardé. C'est un non catégorique. Et c'est le secrétaire général Hassine Abbassi qui l'affirme. BCE a eu raison de ne pas s'attribuer la paternité de cette initiative. L'honneur est sauf. Mais pour le président qui semblait y être très attaché c'est une grande déception. Une question s'impose maintenant: que va-t-il faire après ce refus?
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