Même s’ils ont raté leur cible, ceux qui ont voulu abattre ce jeudi matin Ridha Charfeddine, étaient sans doute des professionnels. Les premiers indices recueillis sur le théâtre du crime le confirment. Député de Nidaa Tounès, capitaine d’industrie pharmaceutique et président de l’Etoile sportive du Sahel, Charfeddine est un personnage public de premier plan. S’il n’a jamais eu d’ennemis connus, son profil politique, économique et sportif peut l’exposer à des risques, mais jamais on ne pouvait redouter que cela pouvait aller jusqu’à une tentative d’assassinat.
En attendant le dénouement de l’énigme qui a failli endeuiller de nouveau la Tunisie, après le meurtre de Chokri Belaid et Haj Mohamed Brahmi, la rafale des coups tirés contre Ridha Charfeddine sonne le glas d’une courte trêve terroriste après les attentats du Bardo et de Sousse. Quel message ont voulu envoyer les tueurs ? Qui sont-ils ? Et qui en est le commanditaire ? Des années déjà et le mystère des premiers assassinats n’a pas encore été levé. L’instruction sera-t-elle cette fois plus rapide à identifier l’ensemble des accusés et la justice à condamner les coupables ? Les Tunisiens ne doivent pas y perdre confiance.
Le premier enseignement à en tirer immédiatement, c’est que le cycle de violence, d’attentats et de terrorisme est loin d’être interrompu en Tunisie. Le calme précaire est sans cesse mis en danger et la stabilisation du pays, gravement menacée. Comme si on ne veut pas que la Tunisie recouvre sa sécurité. Comme si des malfrats de tout acabit guettent la moindre lueur de sortie de crise pour la compromettre et replonger les Tunisiens dans la peur, l’angoisse, le deuil. Des mains sales s’agitent, ici et là dans de sinistres desseins.
La classe politique, par le triste spectacle qu’elle donne de ses divisions et de ses tiraillements, de sa course au pouvoir et des ambitions personnelles démesurées, ne contribue en rien à l’apaisement des esprits, à l’instauration de la sécurité, au bannissement de la violence, à l’éradication du terrorisme. Le flot des condamnations va de nouveau se déverser par médias interposés. Les chefs et les sous-chefs vont tous crier à l’indignation et la dénonciation de l’ignominie. Est-ce suffisant ? Quel que soit le dispositif sécuritaire déployé, c’est le politique qui doit jouer son rôle. Raboter les ambitions, cesser les luttes intestines, resserrer les rangs et soutenir l’effort sécuritaire sont plus que nécessaires. C’est vital !
Taoufik Habaieb
Lire aussi