Attentat de l’Imperial Marhaba : Zohra Driss, cette femme battante, inlassable au service des autres

« Elle ne mérite pas pareille épreuve ! » compatissent tous ceux qui connaissent Zohra Driss, la propriétaire de l’hôtel Imperial Marhaba à Sousse, sinistré par l’attentat terroriste qui a coûté la vie a pas moins de 37 touristes étrangers. « C’est une femme battante qui s’engage à fond dans tout ce qu’elle entreprend, pour ses hôtels, pour la région, pour l’Utica, pour son parti Nidaa Tounès dont elle est députée à l’Assemblée des Représentants du Peuple », ajoutent-ils.

Fille de Si M’Hammed Driss, l’un des illustres pionniers du tourisme tunisien, elle s’est retroussé les manches pour construire et promouvoir son propre hôtel, l’un des fleurons du pays. Cette quadra à l’intelligence vive et au charme séduisant, déborde d’énergie. Lève tôt, elle est sur le chantier, saluant chacun des ouvriers qu’elle appelle tous de leur prénom. Puis, elle file au bureau régler les affaires, avant de partir à Tunis, participer à une réunion à l’Utica où elle est en charge notamment des relations avec le Medef français, au parti ou à l’Assemblée. Et de reprendre le chemin du retour et restera au bureau jusqu’à tard dans la soirée.

Entreprenante et déterminée, Zohra Driss ne recule guère devant les difficultés. Quand l’hôtel Diar El Andalous, l’un des joyaux d’El Kantaoui avait été mis en vente, après la révolution, en pleine crise du tourisme, elle décidera à l’heure même de surenchérir et remportera son acquisition au prix fort. Nullement découragée par le creux de la vague du secteur, elle n’hésitera pas à prendre le risque d’investir et de lancer de grands travaux de réaménagement total du bloc central, de rénovation des chambres et équipements et d’extension portant sur plus d’une centaine de chambres supplémentaires. « Aventurière », diront nombre de ses pairs. « Convaincue d’investir, en devoir national, pour créer des emplois, et en toute conviction que l’avenir ne sera que meilleur », leur rétorquera-t-elle.

Consensuelle, Zohra Driss est celle qui œuvre pour le rapprochement des positions, la concorde et la modération, ses valeurs démocratiques, modernistes et progressistes sont non-négociables. Ce qu’elle essaye de ne guère montrer, c’est son engagement généreux et discret dans l’action sociale. Donner, partager et aider font partie de ces gênes.

Pourquoi le terrorisme s’est-il abattu sur son hôtel et ses hôtes ? Un choix fortuit d’un des grands hôtels les plus fréquentés ? Ou aussi pour le symbole qu’incarne Zohra Driss, femme, battante, dirigeantes à l’Utica, députée de Nidaa, moderniste ?

De Paris, Jean-Pierre Elkabbache a été le premier à l’appeler quelques minutes seulement après le drame, pour lui dire son indignation, sa condamnation, sa compassion. Le téléphone ne cessera plus de sonner lui apportant les voix affectueuses d’amis du fin fond du pays et du monde entier.

Passés les premières minutes de surprise et d’émotion, Zohra Driss retrouvera vite sa combativité. Bravant les consignes de sécurité, elle s’élancera auprès des touristes, participer à l’évacuation des blessés, s’occupant des victimes, soutenir les rescapés, organisant les opérations internes de gestion des départs, de nettoyage et autres urgences. Son premier et dernier mot aux médias sera : « Ne baissons pas les bras, ne nous résignons pas à la fatalité du terrorisme, rebondissons ! ».

T.H

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