La capitale fédérale américaine s’apprête à accueillir le président Béji Caïd Essebsi, à partir de ce mercredi 20 mai, en visite de de travail de deux jours au cours de laquelle il sera reçu par le président Barack Obama. Première du genre effectuée par un président de la République démocratiquement élu depuis la révolution, elle est « très attendue » à Washington où on la qualifie de « visite de haut niveau à caractère essentiellement stratégique et politique ». Elle sera l’occasion d’évoquer l’avancée de la démocratie en Tunisie et ses exigences, notamment sécuritaires, économiques et éducatives. « Si le protocole d’état américain est sobre par rapport à celui de la France, nous indique un connaisseur, les marques de considération particulière à l’hôte tunisien et de gestes concrets ne manqueront pas».
Ce déplacement aux Etats-Unis, à la veille du Sommet du G7, début juin en Allemagne, sera également marqué, apprend Leaders de bonne source, par un large échange de vues sur le contexte régional et international, notamment la contribution de la Tunisie à la lutte contre le terrorisme, la situation en Libye et ses multiples impacts, en premier lieu l’insécurité et l’immigration clandestine, les foyers de tension et de déstabilisation au Moyen-Orient et la question palestinienne.
«J’accorde une haute importance à la visite que j’entreprends ce mois-ci aux Etats-Unis et aux entretiens que j’aurai à cette occasion avec le président américain, Barack Obama,
avait confié à Leaders le président Béji Caïd Essebsi, lors d’une interview publiée dans Leaders magazine (N°48 - Mai 2015). Ce que j’en attends le plus, c’est que le président Obama concrétise ce qu’il m’avait dit : les Etats-Unis sont aux côtés de la Tunisie et l’assurent de leur plein soutien. J’espère que cette visite sera couronnée de tout le succès escompté à travers des gestes significatifs. Trois grands axes viendront renforcer nos relations bilatérales avec les Etats-Unis : un accord stratégique, le statut de pays allié majeur non membre de l’Otan, avec tous les avantages qu’il offre et un plus grand nombre de bourses d’études de longue durée. J’avais déploré que la Tunisie compte plus de 3 000 jeunes enrôlés par Daech et moins de 300 étudiants aux Etats-Unis. Je voudrais inverser la tendance pour permettre au plus grand nombre possible de jeunes Tunisiens de fréquenter des universités américaines et réduire à néant ceux qui succombent à l’obscurantisme.»
D’ores et déjà, la presse américaine accorde réel intérêt à cette visite. Outre diverses tribunes et éditoriaux publiés par des leaders d’opinions et grands journalistes (lire sur
le Washington Post), le New-York Times a recueilli à Tunis une longue interview du président Essebsi et le Washington Post s’apprête à publier une tribune signé par le chef de l’Etat tunisien qui ne manquera pas de réserver aux lecteurs une bonne surprise, apprend Leaders.
Un programme court mais intensif
La journée du jeudi aura pour point d’orgue sa rencontre avec le président Obama à la Maison Blanche, qui sera précédée par des entretiens avec les ministres de la Défense et du Trésor. En fin d’après-midi, il recevra des représentants de la communauté tunisienne aux Etats-Unis, puis reprendra l’avion à destination de Tunis où tous espèrent rentrer avec cette fois-ci, au-delà des intentions et promesses, de résultats concrets.
La Libye et la Palestine
Sur la Libye, le président Essebsi a, tout récemment, reçu successivement les dirigeants des deux principales parties libyennes en affrontement qui l’ont toutes deux sollicité sa médiation pour l’aboutissement d’un accord de stabilisation. La Tunisie qui a toujours recommandé un dialogue inter-libyen sans interférence étrangère pouvant être facilité par l’ONU, s’est opposée à toute intervention militaire extérieure et continue à accueillir sur son sol plus d’un million de Libyen, qui obèrent son budget de pas moins 5.7 milliards de dinars.
Le président palestinien Mahmoud Abbès était lui aussi reçu la semaine dernière à Carthage, confiant au président Essebsi un message particulier à son homologue américain Barack Obama.
Taoufik Habaieb